Rapport Gardèche
3ème trimestre 2024
Grotte Christine.
Fin juin, j'attends avec impatience mon coéquipier allemand en vacances pour une petite quinzaine de jours. Ce sera d'une part l'occasion de vérifier mes relevés topos, mais surtout de réaliser ensemble un peu de première espérée dans quelques coins que je lui ai réservés. Comme il est avec sa famille, les sorties seront limitées ; c'est normal. Mardi 25 juin, première visite pour Jan de la cavité. Avec son Disto, il relève un maximum de points à partir des étiquettes que j'ai laissées en place. (Quand je vois le nombre de visées qu'il a faites en quelques heures, il me faut un mois pour en faire seul autant !!!😣 Je n'ai plus envie d'en faire ! Et en plus il dessine déjà sous terre les contours des galeries sur son portable ! 😖) TPST : 9h45. Samedi 29 juin. Sortie première ??? J'amène d'abord Jan à une escalade que j'avais faite par lancer de corde dans le plafond de la grande salle Gaïa, mais m'étais arrêté devant une galerie montante grasse et sans prise. Pour Jan ce n'est pas d'une grande difficulté, mais lui non plus ne veut pas s'y engager par crainte de faire tomber de l'argile dans le gour de la salle en dessous. C'est bien du Jan : hyper respectueux en matière de protection des cavités. Cela attendra donc.
L'accès au plafond
La galerie supérieure montante et grasse.
Je l'emmène alors dans un autre secteur: le dédale d'argile (Dédale de la Fanga) dans lequel on fera plusieurs jonctions verticales avec les galeries en dessous. Je lui montre une autre petite escalade que je lui ai gardé, hélas au bout c'est bouché. Mais à côté par un dédale de boyaux, on tombe sur une petite ouverture verticale impraticable d'où sort un évident courant d'air frais. Jan arrive à contourner et se retrouve derrière dans un boyau étroit qui se pince d'où arrive l'air. TPST : 6h. Le temps de disponibilité de Jan étant compté, je retourne dès le lendemain pour agrandir ce passage et faire ensemble peut être de la première la prochaine fois. Elargissement de l'ouverture, coude à droite et décaissement du boyau, puis de suite coude à gauche donnant sur une pente argileuse que je dois aussi décaisser au début. En bas, j'arrive sur un gour sec devant un large couloir concrétionné. J'arrête là. On fera la première ensemble. TPST : 6h45.Le gour sec. Mardi 2 juillet. Retour avec Jan. L'étroiture a beau être agrandie, elle reste malgré tout très peu aisée à négocier. Ayant ramassé de l'argile sur nous dans le Dédale de la Fanga, nous avons évidemment pris un second équipement et une plastique à poser au sol pour se changer avant de parcourir la suite.
Changement d'équipement pour Jan.
Etalement de mon bazar !
Sur la topo çi-dessous, l'entrée de la galerie D2S se trouve en haut à gauche (en marron). L'arrivée du courant d'air (évoqué plus loin) est au bout de la galerie la plus à droite sur la topo.
La galerie démarre large (environ 12m) et est de suite divisée en deux par un cône d'éboulis au centre. En haut de ce cône au plafond de la faille, un petit regard laisse entrevoir un éventuel méandre supérieur. Un agrandissement à la paille de celui-ci n'est pas envisageable. Ce serait projeter des gravats sur toutes les concrétions du dessous et des risques évidents de casse.
La galerie et son cône d'éboulis central
Côté gauche de l'éboulis la galerie longe la paroi et se pince par abaissement du plafond.
Sur la gauche un grand et profond gour sec présente des formations intéressantes style "Cheminée des Fées"
La suite est à droite de la trémie. Tout au long de cette galerie des départs d'argile gras se succèdent en paroi droite mais sans suite évidente ou impraticable. On arrive rapidement à un premier ressaut qui se descend entre des concrétions par la gauche pour accéder à un gour.
La descente du ressaut vers le gour.
Il est suivi d'une légère remontée dans laquelle le plafond s'abaisse au point de bloquer le passage. Il faut alors agrandir l'étroiture plate au fond. Pendant que Jan relève la topo, je m'acharne une heure faute de massette avec une pierre pour briser le sol calcité et l'abaisser.
Finalement, nous passons à l'arraché.
Nous arrivons alors sur une coulée descendante (sous son plancher : un gour gras).
La descente du 2d ressaut et le gour.
En bas de la coulée : intéressant gour intermittent beige avec moon milk, qui se contourne en bord droit sur des lames.
Juste après, une belle coulée qu'il faut passer par le haut, la fenêtre éclairée (au milieu de la photo) étant trop délicate à franchir. Il faut évidemment se déchausser pour franchir cet obstacle en escalade par le haut.
On débouche alors dans ce qui semble être le bout de la galerie. Sur la droite une grande coulée mène à deux petits gours en eau sans intérêt.
Enfin, un dernier petit ressaut avant le bout de cette galerie.
Mais heureusement au fond en paroi gauche, une étroiture verticale coude de suite en un angle inférieur à 50°. Une belle chicane vraiment technique à passer. Bon courage aux grands !
L'entrée étroite de la chicane.
Suit un boyau bas et étroit sur 4m en légère pente à prendre les pieds en avant sur le dos.
Au bout cela se corse : les pieds buttent sur des blocs. Il faut alors passer les jambes au plus loin au dessus et amorcer un demi tour du corps, passer le ventre sur les blocs pour engager la tête à gauche dans la sortie et enfin s'extirper. Sympa ! Et le Jan qui passe cela à l'aise, pas moi ! 😓
Le boyau et sortie à gauche des blocs du fond. C'est le pied!
On débouche alors entre blocs et concrétions dans le haut pentu donnant sur la faille et son puits.
A la sortie de l'étroiture et la faille qui suit.
Vers le fond de la faille et son puits noir (après ouverture de son entrée).
Le puits est un ancien remplissage qui a été soutiré. Sur les parois saines : de nombreux coquillages ; mais aussi de l'argile gras plaqué sur ces parois et qui maintient en suspend des blocs !!!
Le puits fait environ 7m et bouché au fond. Il se descend avec prudence, cela va sans dire.
Dans le puits.
On passe au dessus du puits et on remonte de l'autre côté pour arriver dans une petite salle basse avec trémie suspendue.
La remontée.
Les blocs coincés dans le plafond.
Un boyau remontant nous fait passer au dessus de cette salle pour découvrir la suite haute de la trémie avec tous ses gros blocs en équilibre ou suspendus.
Début.
Suite.
Suite.
Les blocs suspendus dans le plafond. Délicatement, je monte sur le côté en utilisant les parties saines jusqu'en haut, mais n'ose pas passer au dessus, malgré un semblant de vide derrière, par crainte de tout effondrer !
Retour en bas, la suite démarre dans un remplissage de gravillons provenant des zones supérieures.
Le remplissage.
Au dessus du remplissage, un couloir bas mène à un élargissement.
Le couloir bas.
La zone élargie.
Quelques excentriques de cette zone :
A gauche dans cet élargissement : une série de failles parallèles côte à côte sur quelques mètres.
Faille n°1 On accède aux failles suivantes par une fenêtre agrandie en paroi droite haute de cette première faille
Je me suis engagé difficilement en hauteur dans ce n°2 en forme de U inversé (30x75cm), mais me suis arrêté au point jaune : pas confiance pour le retour ! (Courageux, mais pas téméraire !😉).
Faille n°3 impénétrable. Faille n°4 avec gravillons.
La galerie se rétrécit ensuite et plonge en deux pentes successives vers le point bas terminal.
1er rétrécissement vers la pente.
Fenêtre haute avant la pente terminale et le fond.
Au point bas terminal, on sent nettement une arrivée d'air frais.
Par la suite, à la lecture de la topo, on s'apercevra que la galerie revient parallèlement à elle même des chicanes du fond à l'entrée et que le point bas terminal se situe sous l'extrémité de la galerie côté gauche de la trémie d'entrée. Des mini conduites verticales jonctionnent entre ces points extrêmes, le courant d'air descendant vers le fond. D'où son ressentit.
Fin d'une bonne première et d'un développement supplémentaire avec et grace à Jan.
Une dernière sortie de prospection avec lui nous fait agrandir quelques départs.
Jeudi 8 août. Je vais retirer les étiquettes topos dans les salles du Bénitier et de la Chapelle. Je devais par la même occasion déséquiper la cheminée, le boyau "Gras Double Supérieur" et le puits y menant, mais j'ai oublié ma clé de 13 !!! Quelle tête ce gamin ! 😕
Je vais ensuite dans la nouvelle galerie commencer mon remplissage dessin topo. Au fond de la galerie gauche (après le gour des Cheminées des Fées) je ressens nettement le courant d'air très frais cité ci-dessus, provenant d'un boyau impénétrable sur la gauche. Il va me falloir agrandir.
Jeudi 15 août. Retour et déséquipement de l'accès à "Bénitier" et "Chapelle" qui retrouvent ainsi leur quiétude millénaire.
Puis direction cette arrivée d'air au début à gauche de la nouvelle galerie ("Galerie D2S").
En bleu le sens du courant d'air à gauche vers l'entrée de la galerie, à droite plongeant dans mini puits vers l'extrémité de la galerie. Flèche rouge : creux de stockage !
Je me pose des questions : où mettre les gravats en particulier argileux ? Par chance un creux juste au début va me permettre de les y stocker. (Hélas, je constaterai par la suite que certaines boulettes d'argile vont y descendre et se retrouver au point bas terminal de la galerie D2S ! 😖). Finalement, je décaisse sur environ 2m (de long !) le sol argileux calcité en tranches et petits blocs soudés et extrait deux dômes concrétionnés. Trois heures après, je passe le conduit étroit. Une pente argileuse suit et donne accès à une petite salle (diamètre : 4m) très concrétionnée : la salle "Eolia".
Arrivée dans la salle Eolia.Ici aussi, je me verrai contraint de mettre au sol une bâche pour me changer après le passage dans le conduit argileux. En effet le sol (épais plancher) de la salle est complètement cristallisé.
Sous le plancher, un conduit cristallisé au départ mène à un puits (C:9m) qui devient argileux (changement de chausses oblige) pour terminer plus bas sur un petit couloir de soutirage très gras.
Dans le trou noir, soutirage passant sous le plancher.
L'état des chausses à la sortie.
Autour de la salle : 8 départs dont une grande coulée.
La 1ère galerie g7 (Galerie Eole) se termine au bout de 6m avec en bas de paroi une niche d'où sort le courant d'air qui parcoure à priori toute la cavité.
Entrée de la galerie g7
La niche d'arrivée du courant d'air.
Juste avant la fin de cette galerie, une courte faille à droite à monter en oppo pour trouver un petit conduit vertical d'où sort aussi le courant d'air.
La niche semble être la base d'une cheminée remplie de cailloux calcités, sur combien de mètres ....? La suite semble problématique par cet endroit. Le conduit de la faille étant plus haut est peut-être plus intéressant à travailler. En tout cas : rien n'est encore gagné pour arriver à la source du courant d'air.
En suivant le tour de la salle par la droite :
- le boyau g8 est très court, peu pénétrable et semble rejoindre la faille précédente.
Entrée éclairée du g8.
- le court et étroit boyau g10:
Entrée éclairé du g10.
- l'étroite galerie montante de gauche g11 et son entrée délicate avec les deux grandes stalactites. Elle est hélas barrée au bout de quelques mètres par une longue lame centrale dont l'élimination est critique pour les concrétions plus basses.
La galerie montante g11.
- la très haute et belle coulée g13 dont l'escalade n'est pas à ma portée. Pas question d'y planter des spits. J'attendrai la venue de Jan pour sa montée.
Le bas de la coulée. Le haut
- l'étroite galerie montante de droite g14 barrée dès l'entrée par une draperie et une stalagmite.
- la galerie inférieure g12 plus longue et avec un passage délicat que je n'ai pas osé passer par crainte pour les concrétions mal placées.
Accès à g12 Passage délicat !
L'ensemble des galeries g11, g12, g14 et la coulée g13 font peut être partie d'une ancienne galerie qui engloberait la salle et se poursuivrait derrière la coulée. Le concrétionnement ayant bouchée celle ci.
- enfin le boyau large et argileux g15 ayant nécessité plusieurs décaissements.
Entrée grasse du boyau.
Etroiture suivante à décaisser. Après le 2d décaissement.
Ce boyau g15 fait peut être qu'un avec les autres galeries et coulée.
Cette salle Eolia est comme un rond point, mais les suites intéressantes sont soit difficiles à réaliser soit trop délicates à passer. Toute tentative serait à faire après une sérieuse réflexion. La solution à moindre risque est peut être, en passant par escalade, derrière la grande coulée.
Plus j'avance dans cette cavité plus je suis confronté par l'alternance de ces passages plus ou moins gras et de zones calcitées nécessitant au minimum le changement des chausses voire de la combi.
Une telle cavité, nul doute très classique, livrée à tous la condamnerait très rapidement.
Sur Internet, les compte rendus de visites de cavités, leurs commentaires, photos et vidéos sont explicites sur ce sujet.
Avec la participation toujours agréable, efficace et respectueuse du milieu de Jan Seikowski.
Le Gardèchti.
ée.
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