Le puits s'est formé sur une faille, en bas un couloir court et relativement sec part de chaque côté.
Par contre, dans l'axe bas du puits une désob a été effectuée et de nombreux blocs sortis d'une trémie descendante. Ce sont donc des spéléos qui sont descendus il y a certainement longtemps, d'autant que cet aven n'est signalé, semble t'il nulle part.
Je peux descendre dans cette trémie sur environ 3m après avoir nettoyé le passage plus ou moins obstrué depuis le temps de son ouverture.
En bas, une étroiture verticale entre les gros blocs coincés de la trémie donne sur un puits spacieux qui au son semble descendre sur bien 40m. C'est vraiment tentant malgré les blocs au dessus. Je me demande si les inventeurs ont osé passer l'étroiture car je ne vois aucune trace d'amarrage. La seule possibilité était peut être un gros bloc de la trémie que j'ai étêté pour passer plus aisément. Mais amarrer une corde dessus, celle ci aurait obligatoirement appuyé sur les blocs coincés de l'étroiture dès lors que quelqu'un serait sur la corde !!!
La curiosité étant plus forte que la sagesse, je reviens pour "sécuriser" ! le passage : pose d'une main courante le long de la paroi de la trémie et 2 spits à l'aplomb de l'étroiture pour un plein vide sans toucher les blocs.
Je passe délicatement l'étroiture 😬, vérifie que la corde ne touche pas les blocs et descend doucement en déroulant au fur et à mesure la C50 de mon kit. J'arrive sur un premier plancher suspendu que je passe du mauvais côté et ma corde qui frotte légèrement sur celui ci (je n'aime pas !). Je descend alors sur une pente avec de nombreuses pierres sur celle ci en attente de rouler plus bas. En bas de cette pente : un ressaut.et le puits continue en tournant légèrement en m'empêchant de voir plus bas. Passer ce ressaut, c'est faire frotter la corde sur son arrête et risquer de faire rouler des pierres de la pente alors que je serai en dessous.
Je remonte et reviendrai avec Guido, Nicolas et mon perfo pour fractionner le puits.
De retour et par sécurité, une seule personne descendra le puits pour voir au fond. Le volontaire d'office sera ma pomme car au vu de la trémie par en dessous .......... priorité au vieux. 😇 Il faut pas gaspiller la jeunesse.
Non, la photo n'est pas à l'envers. Les blocs sont bien au plafond et pas au sol ! La dimension de l'étroiture donne l'échelle pour les blocs.
Finalement, j'atteindrai le fond du puits (P37) avec un seul fractio. En bas :gros soutirage argileux, une bassine rouillée prouvant la descente du ou des inventeurs ici avec une tentative de désob, vraisemblablement vite abandonnée.
A la remontée, je fais quelques photos :
Le fond du fond avec suite bouchée.
Le bas du puits argileux et gras et la bassine.
Dans le début de la remontée.
Vers le fractio sous le ressaut.
Sous le plancher suspendu.
Dernière partie de la remontée vers l'éclairage de Nicolas au dessus de l'étroiture.
Dans le couloir en bas du puits d'entrée, Guido en fouinant, découvre l'inscription des inventeurs datée de décembre 1955.
C'était il y a 69 ans. C'étaient des spéléos, des vrais pas des touristes, des bosseurs pour ouvrir cette trémie, des culottés pour descendre ce P37 avec les moyens de l'époque et tenter une désob au fond. Chapeau les Anciens
Juillet et Août
Durant ces deux mois, je reprends topos et explorations dans la grotte Christine, en particulier avec mon coéquipier allemand Jan, en vacances pour à peine 15 jours. Un prochain rapport est prévu sur les suites de la cavité.
Mi août, le besoin de prospection au grand air m'incite à revoir une zone lapiazée que j'avais vu en juillet 2009, mais sans découvrir de départ dans les nombreuses failles de ce lapiaz.
Je m'y rend après 17 heure (question de chaleur !) Il y a environ 15 minutes de marche pour accéder au lapiaz avec deux montées raides à passer. Arrivé en bas du lapiaz je m'enfonce dans la zone boisée côté gauche et tombe rapidement sur un départ rond et non faillé. Je commence le déblaiement, mais au bout de 80cm je me rends compte que ce n'est pas la peine d'insister.
( Sur la photo, la forme ronde est cachée par la mousse ).
Je reprends la prospection et vers le haut du lapiaz central, en redescendant je pense deviner un point d'absorption des eaux. J'hésite ne voyant pas de trou apparent. Finalement, je pose mon sac et commence à bouger les pierres pour finalement voir apparaître un départ.
En extrayant les pierres tombées et coincées dans l'ouverture, je fais inévitablement chuter quelques cailloux qui semblent rebondir bien bas. L'euphorie de la découverte démultipliant les longueurs j'imagine déjà un puits d'au moins 25m.
Ce sera : "l' Aven du 0", en référence à la forme ovalisée du lapiaz.
Une avancée de la paroi empêchant tout passage me fera revenir le lendemain en fin de journée pour l'éliminer facilement et enlever le reste des blocs coincés. Je m'interroge sur l'endroit accessible pour poser un spit, car il y a peu de place pour taper à la massette.
Deux jours après, je reviens cette fois ci pour la journée avec ce qu'il faut pour descendre.
L'entrée reste étroite car comme à mon habitude au grand "dam" de Jean Bernard dans le passé, dès que je vois que je sais passer je ne cherche plus à agrandir... Je me tortille au passage d'une lame et trouve enfin la verticalité du puits. Coup de chance : le spit me permet un plein pot jusqu'en bas.
Le puits s'avère faire 18 mètres.
Des racines tortueuses décorent la première partie du puits :
En remontant, le mini point blanc vers le milieu gauche correspond à l'ouverture.
Non, ce ne sont pas des excentriques noirs :
Vers le haut du puits :
La rareté de la cavité est ses concrétions : sa stalagmite marron et son duo de stalactites.
Quand je parle de rareté, je n'évoque pas la qualité du concrétionnement, mais la quantité de celui ci : une des seules cavités du secteur à n'avoir que deux spéléothèmes !😂
Bref, pas de quoi la classer, mais à refermer pour éviter une chute d'animal.
Quelques barres métalliques et de grosses pierres,
puis la nature qui se chargera de recouvrir le tout.
Le Gardèch'ti.
Partcipants : Guido Goossens, Nicolas Richardeau, jan Seikowski.
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