Rapport Gardèche trois premiers trimestres 2019
Réseau B. Magos
Aven du B2. Pris par le Réseau B. Magos, ce n'est que par épisode que je reprends la suite des travaux dans cet aven. Courant janvier, fin de l'agrandissement de l'étroiture du palier. ( voir rapport précédent). Nettoyage de celui ci qui s'avère être percé. De ce fait: ferraillage et coulage d'une petite dalle de béton pour éviter des chutes de pierres dans la diaclase concrétionnée du dessous.
Ferraillage avant coulage.
Enfin (depuis le temps...) descente dans cette diaclase puis nettoyage en bas des débris provenant des premières pailles utilisées pour l'agrandissement du début du puits et stockage de ceux ci.
Avant Après Mise ne protection.
En bas, on se trouve après quelques mètres à un carrefour avec trois départs de hautes diaclases.
Sol du carrefour avec quelques gravats avant nettoyage.
A l'opposé de celles ci un boyau en soutirage gras, non encore exploré à ce jour (et pour cause...).
Je vais très vite me rendre compte que tous les bas des diaclases sont gras au sol et sur environ 2m de haut sur les parois, entrecoupés de zones très propres et concrétionnées. Comment limiter les salissures ? Gros problème à gérer. Bandes plastiques noires au sol: pas génial à l'usage; changements répétés de surchausses blanches qui restent collées dans l'argile ou qui se percent dès les premières aspérités: pas génial non plus ! Le problème reste entier. Je ne vais quand même pas descendre un Karscher !
La diaclase de gauche. La plus propre en faisant néanmoins attention. Elle démarre avec des perles au sol
Chemin de perles Perles Ossements de chauve souris
On arrive ensuite au "Portail" , telles des tentures qui s'ouvrent sur la "Galerie Blanche" et le Gong.
Le Portail au fond Le passage sous le "Gong" Le "Gong"
Le Gong
On entre alors dans la partie à se déchausser.
Le Monstre gardien de .... .... la rivière blanche bordée d'argile gras.
Ne pas salir. Ne pas salir ... Fin de la rivière calcitée.
La caractéristique de ces hautes diaclases est qu'elles sont toutes couvertes de grandes coulées.
Coulée typique des diaclases.
Avant le "Portail", sur la gauche, une escalade donne accès à une diaclase perpendiculaire très concrétionnée; mais dans laquelle là aussi, il faut changer plusieurs fois de chausses. Il me faudra y retourner pour faire des photos.
Dans la première partie de cette diaclase.
Retour au carrefour.
La diaclase de droite. Certes la plus courte, au sol gras, mais dès qu'on lève la tête , très concrétionnée comme les autres. Laissons la parole aux photos.
Suite de draperies Draperie Grande Draperie
Comment passer d'un sol hyper gras à un sol cristallisé ???
Les stalactites givrées en forme de banderilles.
Autre en forme de nid d'araignée.
Excentricitées !
Retour au carrefour.
La diaclase centrale. La plus longue et peut être prometteuse... En relation avec les diaclases de gauche et de droite par plusieurs courtes diaclases perpendiculaires.
Une jonction avec la galerie de droite.
La progression se fait en escaladant des ponts rocheux plus ou moins gras, contourner les passages trop gras par escalade et désescalade des courtes diaclases, passer sur un fin plancher stalagmitique , que j'ai fini par ouvrir par sécurité car passant au dessus d'un puits de soutirage très gras d'environ 5m (que je n'ai toujours pas descendu...).
Nombreuses grandes coulées massives tout le long
On arrive alors sur un large balcon donnant sur un élargissement de la diaclase.
Boules en paroi gauche
Paroi gauche avant la descente .
La diaclase plonge alors dans une zone très grasse avec des soutirages importants. L'équipement est alors à nouveau nécessaire. Plancher stalagmitique incliné en partie fragile dans la descente. Il est conseillé de suivre la paroi droite jusqu'à l'étroit et gras pont rocheux. Pose d'un spit avant celui ci. Derrière la paroi droite on peut atteindre une large vasque de soutirage.
Idéale pour les bains de boue !
Il faut alors oser se lancer sur le pont rocheux, large d'environ 50cm, gras et en ne faisant confiance qu'aux 25cm de droite. En dessous de celui ci: le gros soutirage de l'élargissement. De l'autre côté, on prend pied sur une petite margelle tout aussi grasse. Pensant planter un nouveau spit à cet endroit, la paroi est recouverte d'argile sur plus de 5cm d'épaisseur ! On monte alors d'un mètre pour se dégager de la zone grasse et changer de chausses.
A gauche un petit boyau semble descendre vers le fond (non tenté). Un lancer de corde permet d'attraper une blanche stalagmite au centre de l'escalade. Il suffit alors de grimper sur cette pente cristallisée et atteindre le sommet de la remontée. A l'avenir pour éviter cette traversée, la pose d'une tyrolienne ou d'un pont de singe aérien pourrait être la solution.
La stalagmite blanche dans le haut de l'escalade.
Arrivée en haut de l'escalade.
Même dans les parties hautes: omniprésence du gras. Ici colonnettes contre paroi sur sol gras.
A droite, une courte diaclase perpendiculaire montante qui se pince.
La diaclase principale continue tout droit par une désescalade et arrive à un large et haut carrefour.
On peut y accéder aussi par une escalade juste après la diaclase perpendiculaire, suivie d'une vire exposée dans le plafond et une descente en rappel sur le carrefour.
Le carrefour est spectaculaire par ses grandes orgues vivantes et montant à 8 , 10m.
Les grandes orgues.
Au carrefour vers la droite une très courte diaclase se pince de suite, Peut être y a t il à travailler dans le pincement du bas ou peut être en plafond, escalade à faire.
A gauche, une nouvelle diaclase démarre après une courte escalade. Elle se parcourt sur un plancher stalagmitique fragile au bout.
Ouf ! Ce n'était pas profond sous le plancher.
La fin de la diaclase s'élargit en petite salle. En montant sur la paroi grasse et inclinée de gauche, on passe derrière dans un gros soutirage gras en pente. A droite la partie montante se termine sur une étroiture infranchissable horizontale barrée de concrétions. Celle ci semble intéressante car elle entre vraiment dans le massif et semble sortir du système des diaclases. S'y attaquer nécessitera la gestion de cette zone très grasse... A droite en bas de la pente, une nouvelle diaclase qui semble être dans l'alignement de la précédente nécessite de faire un pas d'escalade sans prise à partir du gras et se trouver immédiatement dans un début très concrétionné. Je ne l'ai pas tenté dans l'immédiat pour ne pas salir. Il sera utile de poser un petit barreau et voir où et comment changer de chausses dès l'entrée de cette diaclase.
Il y a encore beaucoup à faire dans ce B2. Quant à ces nombreuses zones grasses, elles nécessitent des précautions constantes pour ne pas "pourrir" la cavité.
A ce jour, en dehors de mon collègue très strict en matière de protection et qui est venu commencer la topo, je n'y ai encore (hélas) emmené personne dans cette partie. (La topo a été entamée au Disto: 10h pour relever seulement 200m et changer 9 fois de chausses ! Cela donne une idée de la problématique de cette cavité).
Cette cavité de la rive droite se doit d' être PROTEGEE tant que le problème des passages gras n'est pas réglé.
Publier sa localisation dans l'état actuel, c'est en quelques mois la voir subir le même sort qu'un certain nombre de cavités du secteur. C'est à dire programmer sa dégradation.
Dans le même temps, comment la montrer?
Peut on encore défendre l'idée que toutes les grottes doivent rester ouvertes sans conditions, quelque soit leurs caractéristiques et valeurs? N'est ce pas faire preuve d'égoïsme que de l'exiger dans le seul but de pouvoir y aller soi même tant qu'elle est intacte et après "basta" pour les autres ???
Je crains que le problème restera entier encore longtemps au vu des points de vue divergents de chacun.
Mais faut il donner la priorité au spéléo, qui ne fait que "passer" sur terre; ou la donner à la cavité qui si elle est quasi éternelle, elle est à la merci du comportement du spéléo.
Le grotte de J.B (Voir rapport précédent) Aussi dénommé B15. J.B a continué seul la désob.
Le bagnard et un de ses tas de pierres extraits de la grotte.
Pour la discrétion, maintenant que les buis dans les bois sont morts cela se voit hélas de loin !
J.B étant écolo, il a fait le tri sélectif: 2 tas de pierres et 1 de terre.
Il ne lui reste qu'à déplacer le tas de terre sur les tas de pierres et on n'y verra plus rien...😀
Avec sa ténacité habituelle, il est arrivé au niveau où la grotte se développe.
C'est parti. Le maître des lieux écarte les portes pour entrer.
T'as vu ce qu'il a vidé! Et c'était plein jusqu'en haut (2m)! Et ce n'est que le début de la descente...
Il m'appelle pour venir voir, car il ne voit pas la suite. Pourtant derrière une voûte basse et après quelques coups de pelleteuse à main, on passe pour la suite. La galerie continue. A droite,la salle Amelina (restons modestes...😎)
J.B et "Amelina la petite".
Le shunt.
La galerie continue avec un sol qui devient gras. Cela me change avec les sols cristallisés de la grotte de Barjac ! Nombreuses stalactites et draperies en haut des parois.
En revenant au carrefour, face à la voûte basse,on dégage sous la pendeloque un autre passage sous voûte qui donne dans une salle basse remplie d'argile.
Passage bas à droite sous la pendeloque.
Nouveau déblaiement 5m à gauche. On passe sous la voûte dans une courte galerie. A droite de celle ci j'attaque un boyau. J.B qui m'attend commence à se geler; preuve d'un petit courant d'air frais. Une séance plus tard et quelques pailles et je passe l'étroiture sélective , puis serpente entre quelques concrétions avant d'arriver sur des gros pavés d'argile de 20cm d'épaisseur que je dois hélas déloger pour passer. Derrière une bonne galerie 2x1,5m descendante sur hélas qu'une dizaine de mètres.
Début de la galerie.
Bouchon d'argile au fond. Mais sur quelle épaisseur ? Je pense qu'on peut abandonner, à moins d'y passer beaucoup de temps.
Le fond de la galerie.
Retour dans la salle remplie. Un peu plus loin, J.B s'attaque à une autre suite. On se relaye: un jour J.B y va, un autre c'est à mon tour (il y a difficilement la place pour deux); et on avance, le sol est fait d'argile sec qui se dégage facilement. Arrivant sur des pierres calcitées, quelques pailles sont nécessaires et finalement je me glisse jusqu'au bout du boyau. Hélas, il n'y a pas la continuation espérée. Le boyau néanmoins revient vers l'arrière et semblerait jonctioner avec un plancher stalagmitique situé à l'entrée du boyau. Le courant d'air que l'on sentait serait il tournant ? Par contre ce boyau pourrait éventuellement continuer. A voir en déblayant à partir du plancher.
Autre hypothèse :on est tout simplement dans le bas de la salle remplie dont on longerait le tour ???
Dernier mètre avant le bout du boyau.
Nous avons commencé la topo: Co2 au bout de la galerie, repli. Revenant 2 jours après pour continuer, impossibilité de descendre: Co2 dès l'entrée. Dégoutté ! J.B y va 3 jours après: pas de Co2 ?????
Il va falloir que je me décide à y retourner.
Topo en cours.
Aven du Khanif. Après 10 ans, date à laquelle avec J.B on l'avait ouvert, je me décide d'y retourner voir le mini trou souffleur situé au sol au bout de l'étroite galerie. Rien n'a changé : il souffle toujours 5 secondes toutes les 15 secondes.
Je me décide à élargir le puits d'entrée en vue de revenir (à l'époque J.B n'avait pu y descendre, il est vrai que c'était très étroit) et ce n'est encore pas fait pour tous les gabarits! J'entame trois premières séances de pailles dans le souffleur. Pénible car chaque fois il faut ressortir. J'y retournerai de temps en temps pour continuer car ce souffle m'intrigue, d'autant qu'à l'aplomb il y a une petite cheminée. A suivre....
Le petit trou souffleur après premières pailles
Autre trou. Histoire de ne pas perdre la main, un petit affleurement mais qui souffle attire mon attention. Allez! Un nouveau chantier en perspective.
Dès l'entrée gros travail car un épais plancher stalagmitique empêche le passage. Les pailles essaient d'en venir à bout. Mais travaillant de l'extérieur je subis les chutes de chenilles des chênes aux poils qui se plantent dans les bras. J'en écrase une cinquantaine en moins de deux heures !!!
Cela prend forme.
Je finis par passer à l'arrache ce plancher. Derrière, cela ressemble plus à des boyaux cutanés, occupés à certaines époques par des animaux fouisseurs qui y ont creusé leur nid. Par contre il y a toujours ce courant d'air frais. Y aurait il une autre petite ouverture plus loin ? A continuer entre temps ...
Prospections. Cette année avec le manque de temps et les pyrales des buis qui ont décimé ces arbustes, cela devient pénible de traverser les bois. Les branches des buis sont cassantes et dangereuses. Les découvertes, en dehors de départs peu prometteurs dans les zones lapiazées, ont été très rares. Ce sera une année maigre sur ce plan.
Bestiaire: petit aperçu.
Le Bouc.
La tête de Mouette La Cigogne qui claquette dans son nid.
Le Ptérosaure.
Le Sanglier
L' Ane.
Le Chien de Cirque. Le Poulpe.
L' Oiseau.
Tête de Poisson (Cubisme).
Le Chien de Prairie L' arbre qui cache l' Eléphant.
La Truite.
Le Saumon.
Le Dragon de Commodo.
Ceci est un autre regard sur le Réseau Bernard Magos ou Grotte de Barjac pour le Grand Public.
L' occasion ne manquera pas de présenter d'autres photos par thème ( disques, gours, colonnettes etc...).
A ce jour, l'exploration continue dans le réseau comme vous vous en doutez, avec de nouveaux développements.
Le réseau nous prend beaucoup de temps avec de longues désobstructions dans des zones toujours sensibles. Percer dans un boyau impénétrable trois mètres de calcite sous un plafond parsemé d'excentriques, nécessite de fortes protection pour limiter la casse. Avec le temps, suffisamment de bâches et mousses de protection et 114 pailles (surtout des 1/2, des 1/3 des 2/3 de paille), on y arrive sans dégrader le site.
Le repérage photos, la réalisation de celles ci en qualité pro par Serge ainsi que le film par Daniel ont demandé aussi beaucoup de temps.Mais aussi toute l'attention tant durant le transport du matériel que lors des prises de vue.
La protection de ces merveilles est une contrainte permanente qu' on ne peut négliger.
Le dégagement et la remise en état de bordures de gour (comme par exemple ci dessous), suite à des chutes anciennes de voûte, font aussi partie de ces contraintes que l'on se doit d'assumer.
Ce patrimoine ne nous appartient pas, Nous ne sommes qu'un relais dans la transmission au mieux de celui ci.
Encore une fois nos remerciements à tous ceux qui nous ont aidé dans cet objectif de partager tout en protégeant.
Le Gardèchti.