lundi 30 juin 2025

 RAPPORT GARDECHE 2d TRIMESTRE 2025

Délaissant la grotte Christine depuis le début d'année, je m'acharne sur la reprise de la perte (perte d' Urän) trouvée en 2008 et commencée à y travailler avec Jean Bernard en 2012. (Voir rapport précédent).

Acharnement est bien le mot car c'est un véritable forage que je dois effectuer. Après les premiers mètres (les plus faciles 3 mètres en 3 séances) ouverts avec Jean Bernard et Philippe Dubois, je dois éliminer une strate épaisse qui ferme pratiquement la fente étroite de l'ancien écoulement (comblé à plus de 90% d'argile et pierres). Pour ne pas transformer l'élargissement en conduite artificielle, j'agrandis essentiellement le côté droit, laissant apparentes les strates côté gauche et ainsi la formation de cette perte. Heureusement la roche se prête bien, mais il faut remonter et ressortir les gravats sur une pente étroite à 40°, avec une partie quasi verticale. Pas de possibilité d'y travailler efficacement à deux faute de place. C'est donc en solo !

A ce jour, ce sont déjà : 33 séances, 176 heures et 425 seaux extraits soit plus de 5 tonnes de gravats extraits... A 10 tonnes, je laisse tomber ! 😇


Croquis actuel.

Quelques vues de l'avancement.

Il faut imaginer le sol pentu à 40° ce qui ne facilite pas le travail, d'autant qu'à partir de -5m, on est sur le dessus d'une strate super lisse, nécessitant d'aménager des prises de pieds en paroi ou pose de barreaux.

La fente d'écoulement bien visible à gauche après nettoyage.

Côté gauche : les strates intactes. Gros bloc décollé de la paroi droite et faisant de la résistance. Planches pour éviter au maximum la chute plus basse de gravats.

Etat de l'avancement à ce jour. Plafond et sol lisses. Ces strates auraient pu glisser l'une sur l'autre après leur formation avec une énorme pression.
 Entre ces strates de calcaire (dans le niveau où je suis), trois mini couches se superposent : deux fins feuilletés noirs d'anciennes matières organiques compressées et entre deux une fine couche (un à deux centimètres) de marbre blanc. Sur certaines feuilles on discerne les rayures gravées du glissement. Ces deux feuilletés correspondraient à deux courtes périodes où la mer se serait retirée laissant la place à une végétation. (Source : les copains du SCA. Merci à eux).
Sur le bloc de droite, de haut en bas : feuille organique, couche marbre blanc, feuille organique, puis morceau de calcaire gris d'une strate.

Détail du feuilleté.

 Le 24 juin dernière séance de ce trimestre par abandon forcé face à la présence de CO2 faisant le yo-yo au fond.😖 Avec la canicule, ce n'est pas surprenant, surtout dans le secteur.

Après des agrandissements de fin de matinée et pour laisser la cavité respirer, j'en profite pour prospecter autour et trouve : une autre perte similaire, mais beaucoup plus petite ; puis un départ dans des blocs dans lequel je ne m'engage pas : crottes fraîches dans le passage et donc risque de puces! Je bloque l'entrée et y revient un mois après. Les crottes ayant séché, je les repousse et prends le risque (puces?) de m'engager (Ouf la voie est libre 😀).
L'entrée, point bleu: bord du petit ressaut d'entrée, point vert boyau de surface impénétrable, point rouge: paroi droite du conduit gauche.

L'entrée est un petit ressaut suivi à gauche d'une courte et étroite galerie basse, argileuse et pentue, donnant un mètre après sur une faille étroite d'environ 1,30m de profondeur. Je m'y engage et constate que le fond se termine sous une voûte comblée. En relevant la tête, je vois sur la paroi gauche de la faille 3 traces de forage ayant servi  à son élargissement! Je ne suis pas le premier, celui ci ne semble pas avoir donné suite, moi non plus.
Pente du conduit gauche vers faille.

En attente de revenir sur cette perte, je me décide de reprendre mes activités dans la grotte Christine. Là au moins, il y a un courant d'air frais et quasi constant, des volumes et des suites à trouver. Je m'y rends donc ce 28 juin. Ayant retiré mon matos en débit d'année, j'en ramène une partie au fond d'où arrive le courant d'air. Je vide mon kit, puis suite à l'expérience "CO2" à la perte d'Urän, je sors mon briquet à tout hasard. Surprise : sans appel, le courant d'air qui innonde la grotte est actuellement chargé de CO2 !😡 Je ne demande pas mon reste, laisse mon matos et fais demi-tour.
Décidément le secteur Gard - Ardèche est vraiment de plus en plus impacté par ce phénomène en période estivale trop chaude. Dans de telles conditions, les activités spéléos vont être drastiquement réduites et par sécurité les guidages spéléistes devront prendre en compte ce problème.
Dans tous les cas, la canicule de cette fin de trimestre va nous clouer au frais chez soi.

Le Gardèchti.