mercredi 4 septembre 2024

 Rapport Gardèche Mai et Juin 2024

et Juillet et Août.

Saturant un peu des trop nombreuses séances de travail à la grotte Christine, je me retourne pour quelques temps sur un autre objectif. 

Aven de l'Arbre Mort

Quand mon coéquipier allemand Jan est en vacances dans le Gard il fait pas mal de prospections et avait trouvé en 2014 un aven, perdu semble t'il. Quelques années plus tard, il m'avait transmis le chemin d'accès et la coupe de celui-ci qui semblait se pincer au fond.                                                        Octobre 2023, faisant une courte prospection sur ce secteur, je trouve un trou sans intérêt et une petite cavité.                                                                                                                                                          Premier semestre 2024, nouvelle prospection et je tombe sur l'entrée de l'aven de Jan. Quelques temps après, j'y retourne pour y descendre sans le retrouver, idem plusieurs jours après.... Finalement, je "suis à la lettre" le descriptif d'accès de Jan et le retrouve enfin.         
14 avril, je descend l'aven en Jean et Tee shirt car pensant ne faire qu'un aller et retour au vu du descriptif de Jan.

 Le puits d'entrée
En bas : surprise! Cela ne correspond pas du tout à la coupe dessinée par Jan. Je tombe en fait sur une faille.                                                                                                                                                         D'un côté : un large couloir descendant en forte pente faisant avaloir des pierres de l'aven.



De l'autre, une galerie plus étroite :


Jan, ne serait il pas descendu et n'aurait il fait qu'une visée du haut au Disto ? C'est ce qu'il me confirmera.
Je descend le large couloir (galerie Kjara) jusqu'en bas où une escalade côté gauche pourrait donner une suite. Depuis l'entrée jusqu'à ce point, je n'ai vu aucune trace et l'escalade n'a jamais été tentée. Etrange qu'un tel aven n'ait jamais été repéré et visité !
Retour en bas du puits et je m'engage dans la galerie plus étroite et assez courte (galerie Fenja). Au bout une escalade en oppo étroite est possible. N'étant pas en tenue pour celles ci, je reviendrai.
De mi avril à mi mai, 5 sorties pour faire le tour de cet aven ( topos et premières ..... ! )



Les deux galeries se développent sur une faille avec hauts plafonds et cheminées dans ceux ci.

Côté galerie Fenja (la plus étroite au départ).
Je passe l'escalade en oppo étroite:
Je me trouve ensuite sous une cheminée qui se poursuit par un puits pentu qui se pince :

 
Je peux me glisser dans l'étroiture verticale jusqu'au bassin, mais impossible de passer. Il me faudra revenir pour agrandir légèrement car en dessous cela s'agrandit et descend sur environ 6m. Et toujours aucune trace jusqu'à ce point.
Agrandissement à minima et descente dans une haute galerie (Galerie Inférieure). En fait, c'est la suite de la faille.

De superbes coulées en paroi droite :

Par contre, marron et coulées d'argile en paroi gauche.
La galerie descend sur un sol relativement gras où partout il faut choisir où mettre les pieds, me contraignant à déplacer des blocs pour y marcher dessus plutôt que dans l'argile.
Au bout d'une quinzaine de mètres, "Surprise ! " : sur le sol une corde sangle !!!
Le choc. Adieu la belle première. Celle ci s'arrête pour ma part à l'étroiture verticale que j'ai agrandi.
Cette corde n'est pas venue toute seule. Du coup, je cherche des traces sur les parois suite à une descente du plafond : rien ; au sol je finis par trouver des traces de pas dans l'argile jusqu'à une belle empreinte de semelle de botte. Bon, je ne suis pas le premier dans cette partie de la cavité, je vais du coup faire le touriste ou plutôt le spéléiste.
La galerie descend avec des zones intéressantes :

Autant les galeries supérieures (Fenja & Kjara) étaient sèches, autant cette galerie inférieure est active. 
Au bout, un gour en hauteur :
Juste avant ce gour, sur la gauche, un passage donne sur une courte galerie parallèle se terminant par une fenêtre sur une cheminée - puits. Au dessus de la fenêtre un petit pont rocheux où une trace verticale dans l'argile qui le recouvre me solutionne l'utilisation de la sangle en amarrage de corde pour la descente du puits. Je le vérifierai en utilisant celle ci pour descendre celui ci. Le puits tourne sur la gauche avec des lames rocheuses (Prudence!). En bas, le volume se réduit drastiquement, on est dans le bas de la faille (largeur maxi : 1m), active, très concrétionnée, humide et grasse par endroits. (galerie "sous inférieure").



Au bout de la galerie, une pente étroite mène à un boyau qui se rétrécit fortement et où une désobstruction serait une galère.
N'étant pas inventeur des galeries après l'étroiture verticale, je n'ai pas à leur donner de nom. C'est le droit des inventeurs. Je me suis donc contenté de les désigner en fonction de leur altitude: inférieure et sous-inférieure. 
Fin de la visite côté Fenja. 

Après cette déconvenue, retour au bas du puits d'entrée et descente dans le large couloir avaloir de pierres (galerie Kjara) pour me "rattraper" avec l'espoir d'une suite en haut de l'escalade du bas de ce couloir.
Les premiers mètres de celle ci, n'offrent ni prises, ni possibilité de lancer de corde. Je plante deux tiges (enlevables) dans la paroi et deux autres plus haut.
Le tas de pierres calcitées et soudées en bas de l'escalade me semblaient au départ non naturel. En fait, il s'agit d'un blocage de celles ci contre une avancée de la paroi sur la pente.

Le haut de l'escalade est suivi d'une désescalade vers un conduit au sol de sable argileux qui ferme celui ci. Jusqu'ici, aucune trace de passage. Il me faudra creuser le sol de ce conduit vers une suite espérée. 



Ce n'est qu'au bout de plusieurs mètres de cette "Galerie du sable" que je retrouverai une autre plus spacieuse.


Et voir le jour, prévisible au vu de l'axe de la faille.


C'est après être sorti et en entrant pour faire le chemin inverse, que je découvre en paroi gauche une croix tracée avec une pierre ! Décidément, ce n'est pas ma veine! En tout cas le découvreur de cette entrée n'a pas cherché à ouvrir le bouchon d'argile par son côté. Je me permettrai d'appeler cette galerie: "Galerie de la croix".
Finalement, ma première se limitera : de la désob de l'étroiture au bout de la galerie Fenja à  la fin de la désob de la Galerie du Sable (côté Kjara). (Entre les flèches rouges sur la topo).
On ne peut pas gagner à tous les coups. Il y a des premiers et des seconds. Ici, j'ai goûté aux deux. 😉
A ce jour, je n'ai pas trouvé l'entrée du trou menant aux galeries inférieures et sous inférieures , vraisemblablement rebouchée par l'inventeur.
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Aven du Mini Lapiaz

Début mai, voulant revoir pour une éventuelle désob, un aven que j'avais ouvert en 2018, je tourne en rond sans le retrouver et tombe par hasard sur un mini lapiaz percé d'un aven étroit (environ 50x200cm).

 Surprise : un vieux piton rouillé en T est planté sur le bord.
Vieux piton d'escalade ou outil de forestier? Dans tous les cas, quelqu'un est descendu.
Quinze jours plus tard, je reviens équipé et descend le puits (P11).


Le puits s'est formé sur une faille, en bas un couloir court et relativement sec part de chaque côté.
Par contre, dans l'axe bas du puits une désob a été effectuée et de nombreux blocs sortis d'une trémie descendante. Ce sont donc des spéléos qui sont descendus il y a certainement longtemps, d'autant que cet aven n'est signalé, semble t'il nulle part.
Je peux descendre dans cette trémie sur environ 3m après avoir nettoyé le passage plus ou moins obstrué depuis le temps de son ouverture. 
En bas, une étroiture verticale entre les gros blocs coincés de la trémie donne sur un puits spacieux qui au son semble descendre sur bien 40m. C'est vraiment tentant malgré les blocs au dessus. Je me demande si les inventeurs ont osé passer l'étroiture car je ne vois aucune trace d'amarrage. La seule possibilité était peut être un gros bloc de la trémie que j'ai étêté pour passer plus aisément. Mais amarrer une corde dessus, celle ci aurait obligatoirement appuyé sur les blocs coincés de l'étroiture dès lors que quelqu'un serait sur la corde !!!
La curiosité étant plus forte que la sagesse, je reviens pour "sécuriser" ! le passage : pose d'une main courante le long de la paroi de la trémie et  2 spits à l'aplomb de l'étroiture pour un plein vide sans toucher les blocs.
Je passe délicatement l'étroiture 😬, vérifie que la corde ne touche pas les blocs et descend doucement en déroulant au fur et à mesure la C50 de mon kit. J'arrive sur un premier plancher suspendu que je passe du mauvais côté et ma corde qui frotte légèrement sur celui ci (je n'aime pas !). Je descend alors sur une pente avec de nombreuses pierres sur celle ci en attente de rouler plus bas. En bas de cette pente : un ressaut.et le puits continue en tournant légèrement en m'empêchant de voir plus bas. Passer ce ressaut, c'est faire frotter la corde sur son arrête et risquer de faire rouler des pierres de la pente alors que je serai en dessous.
Je remonte et reviendrai avec Guido, Nicolas et mon perfo pour fractionner le puits.
De retour et par sécurité, une seule personne descendra le puits pour voir au fond. Le volontaire d'office sera ma pomme car au vu de la trémie par en dessous .......... priorité au vieux. 😇 Il faut pas gaspiller la jeunesse.

Non, la photo n'est pas à l'envers. Les blocs sont bien au plafond et pas au sol ! La dimension de l'étroiture donne l'échelle pour les blocs.
Finalement, j'atteindrai le fond du puits (P37) avec un seul fractio. En bas :gros soutirage argileux, une bassine rouillée prouvant la descente du ou des inventeurs ici avec une tentative de désob, vraisemblablement vite abandonnée.
A la remontée, je fais quelques photos :

Le fond du fond avec suite bouchée.

Le bas du puits argileux et gras et la bassine.

Dans le début de la remontée.

Vers le fractio sous le ressaut.

Sous le plancher suspendu.

Dernière partie de la remontée vers l'éclairage de Nicolas au dessus de l'étroiture.

Dans le couloir en bas du puits d'entrée, Guido en fouinant, découvre l'inscription des inventeurs datée de décembre 1955. 
C'était il y a 69 ans. C'étaient des spéléos, des vrais pas des touristes, des bosseurs pour ouvrir cette trémie, des culottés pour descendre ce P37 avec les moyens de l'époque et tenter une désob au fond. Chapeau les Anciens

Juillet et Août

Durant ces deux mois, je reprends topos et explorations dans la grotte Christine, en particulier avec mon coéquipier allemand Jan, en vacances pour à peine 15 jours. Un prochain rapport est prévu sur les suites de la cavité.

Mi août, le besoin de prospection au grand air m'incite à revoir une zone lapiazée que j'avais vu en juillet 2009, mais sans découvrir de départ dans les nombreuses failles de ce lapiaz.
Je m'y rend après 17 heure (question de chaleur !) Il y a environ 15 minutes de marche pour accéder au lapiaz avec deux montées raides à passer.                                                                                            Arrivé en bas du lapiaz je m'enfonce dans la zone boisée côté gauche et tombe rapidement sur un départ rond et non faillé. Je commence le déblaiement, mais au bout de 80cm je me rends compte que ce n'est pas la peine d'insister. 
( Sur la photo, la forme ronde est cachée par la mousse ).
Je reprends la prospection et vers le haut du lapiaz central, en redescendant je pense deviner un point d'absorption des eaux. J'hésite ne voyant pas de trou apparent. Finalement, je pose mon sac et commence à bouger les pierres pour finalement voir apparaître un départ.
                

En extrayant les pierres tombées et coincées dans l'ouverture, je fais inévitablement chuter quelques cailloux qui semblent rebondir bien bas. L'euphorie de la découverte démultipliant les longueurs j'imagine déjà un puits d'au moins 25m.
Ce sera : "l' Aven du 0", en référence à la forme ovalisée du lapiaz.
Une avancée de la paroi empêchant tout passage me fera revenir le lendemain en fin de journée pour l'éliminer facilement et enlever le reste des blocs coincés. Je m'interroge sur l'endroit accessible pour poser un spit, car il y a peu de place pour taper à la massette.
Deux jours après, je reviens cette fois ci pour la journée avec ce qu'il faut pour descendre.
L'entrée reste étroite car comme à mon habitude au grand "dam" de Jean Bernard dans le passé, dès que je vois que je sais passer je ne cherche plus à agrandir... Je me tortille au passage d'une lame et trouve enfin la verticalité du puits. Coup de chance : le spit me permet un plein pot jusqu'en bas.
Le puits s'avère faire 18 mètres.
Des racines tortueuses décorent la première partie du puits :
           

En remontant, le mini point blanc vers le milieu gauche correspond à l'ouverture.

Non, ce ne sont pas des excentriques noirs :

Vers le haut du puits :

La rareté de la cavité est ses concrétions : sa stalagmite marron et son duo de stalactites.
                 
Quand je parle de rareté, je n'évoque pas la qualité du concrétionnement, mais la quantité de celui ci : une des seules cavités du secteur à n'avoir que deux spéléothèmes !😂
Bref, pas de quoi la classer, mais à refermer pour éviter une chute d'animal.
Quelques barres métalliques et de grosses pierres,

puis la nature qui se chargera de recouvrir le tout.









Le Gardèch'ti.

Partcipants : Guido Goossens, Nicolas Richardeau, jan Seikowski.